Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Enki Bilal est le monstre sacré de la bande dessinée et chacune de ses productions est un événement en soi. Son terrain favori : la science-fiction et les thèmes clivants qui bousculent l’ordre établi et invitent le lecteur à reconsidérer ses perceptions et à questionner ses certitudes. Avec ‘Bug’, l’auteur-réalisateur nous livre une fable-réflexion sur le tout puissant roi numérique et l’évolution d’un monde structuré autour du 100 % digital. « Le numérique, c’est la nouvelle addiction dont nous sommes tous frappés, moi y compris », confiait récemment Enki Bilal. Nous sommes en 2041 et une panne d’origine inconnue bloque internet et le système informatique dans le monde entier. Il faut seulement 4 jours pour basculer dans le chaos. Le bug généralisé a des conséquences
d’une extrême gravité — la circulation routière est fortement perturbée touchant notamment les véhicules numériques, les avions ne décollent plus, les hôpitaux ne peuvent prodiguer des soins, les banques et commerces subissent des braquages permanents, les évasions des prisons se multiplient, tandis que des incendies se déclenchent de manière spontanée. Pour
autant, Enki Bilal se défend d’avoir une vision sombre de la technologie. Partant du postulat que le « web est le nouveau totalitarisme », il pose la question légitime d’une dépendance à un système que l’on ne maîtrise pas, mais aussi du déficit de transmission généré par le tout numérique. ‘Bug’, Livre 1 ne nous apportera pas la réponse immédiate. « Je peux juste dévoiler que
l’explication finale n’est pas cartésienne. Qu’il ne s’agit pas
de l’attaque d’un état ou d’une bande de hackers, ni même
d’un simple incident technologique ; ça dépassera de loin
l’humain, et ça délivrera donc un message universel, métaphysique. Enfin, je l’espère. » confiait énigmatiquement
Enki Bilal lors d’une interview. Patience, le prochain
volume est prévu d’ici un an au plus tôt l
Édition Casterman, 18 €.